L’hypnose et la santé : une bonne association ?

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Santé

L’hypnose a longtemps été l’objet de mythes et fantasmes, relayés aujourd’hui par la sphère du divertissement. Pourtant, dès ses débuts, elle avait une fonction thérapeutique, et une efficacité si redoutable qu’elle en inquiétait le pouvoir en place.

Audren Bouëssel du Bourg est psychologue à Quimper. Il a accepté de nous répondre pour éclairer nos lecteurs qui s’interrogent par rapport à l’hypnose en psychothérapie. Vous retrouverez ses articles sur son site internet dans la catégorie blog : https://psyquimper.fr/blog

Qu’est-ce que l’hypnose ?

Voilà une vaste question sur laquelle beaucoup d’intellectuels et praticiens se sont échoués. L’hypnose est souvent définie comme un « état modifié de conscience ». Or par définition, un état est toujours modifié, puisque toujours soumis à des conditions internes et externes.

Mais pour répondre simplement, c’est une perception, différente de la réalité dans laquelle on se situe.

Par exemple : si vous êtes ici face à moi, et que je vous invite à fermer les yeux et à vous imaginer en train de déguster un gâteau au chocolat, votre perception est déjà modifiée. L’image qui vous vient sera sans doute la représentation de ce gâteau, et non l’absence de lumière conséquente de vos paupières closes.

Vous serez peut-être également en mesure de percevoir le goût de ce gâteau, ou tout du moins sa texture. Est-il fondant ? Est-il chaud ? Est-il sucré ? Ces perceptions, réelles, sont pourtant décorrélées de ce que vous avez dans la bouche en ce moment-même.

On peut dès lors parler d’hypnose. Beaucoup d’expériences rentrent dans cette catégorie, et bien avant la découverte de l’hypnose, certains peuples pratiquaient la transe chamanique, et plus simplement usaient de leur imagination pour ressentir. Qui ne vibre pas devant un bon roman de Victor Hugo, et qui ne ressent rien en lisant Proust ?

Presque tout finalement, entre dans la catégorie hypnotique. C’est le réel qui n’est finalement quasiment jamais éprouvé dans sa forme brut. Il est altéré et modifié par des perceptions et des constructions antérieures.

Ce qu’il est intéressant de retenir, c’est que nous pouvons modifier intentionnellement notre perception du réel.

A quoi sert l’hypnose ?

L’hypnose a un champ d’application immense… Mais il est vrai qu’en psychologie, et confronté à certaines pathologies, l’hypnose est un outil formidable.

On peut l’utiliser dans la sphère médicale, pour les anesthésies par exemple. Il est possible d’induire une anesthésie par l’hypnose.

En psychiatrie et en psychologie clinique l’hypnose est aussi souvent utilisée dans la perception de la douleur ou la perception de sons. Prenons par exemple le cas de la fibromyalgie, ou encore des acouphènes.

Dans les cas d’addiction (addiction au tabac, addiction alcoolique, addiction aux jeux vidéos) on peut utiliser l’hypnose pour mobiliser les ressources de la personne et exalter quelque peu sa motivation à arrêter. Cela peut aussi être utilisé comme technique aversive pour faire percevoir au patient en proie à sa dépendance les conséquences dramatiques que celles-ci peuvent avoir.

Avec une personne dépressive, l’hypnose est un bon moyen de ressentir des petits plaisirs quotidiens enfouis ou mis de côté depuis que la dépression s’est engouffrée dans sa vie.

La liste ne peut pas être exhaustive, car finalement l’hypnose peut être utilisée à tous les moments d’une psychothérapie ou d’un accompagnement individuel.

L’hypnose aujourd’hui est beaucoup moins déclarative qu’elle n’a pu l’être : l’induction hypnotique, c’est à dire le faire d’inviter la personne à percevoir quelque chose, se fait de manière bien moins ritualisée et « magique » qu’auparavant. Même si certains psychologues, psychiatres, psychothérapeutes ou hypnothérapeutes continuent à pratiquer un petit rituel avec une voix très grave et des formules éculées comme « vos paupières sont lourdes ».

Le plus simple restant finalement à inviter la personne à s’imaginer une autre situation que celle qu’il vit actuellement. Tel jeune en échec scolaire : que ferait-il en cas de succès ? Telle personne en burn-out ? Que ferait-elle avec un peu d’énergie ? Tel patient en proie à des troubles anxieux ? Que ferait-il de différent si c’était calme à l’intérieur ?

Est-ce qu’il y a des contre-indications ?

On ne peut pas parler de contre-indications à la pratique de l’hypnose, puisque nous percevons tous et modifions tous le monde qui nous entoure. Ce serait un peu comme demander s’il existe une contre-indication à respirer.

Evidemment, on évitera de demander à un paranoïaque de s’imaginer que son voisin le persécute.

On évitera également d’inviter un schizophrène à se représenter son corps morcelé.

Tout ceci relève de la prudence et d’un peu de bon sens. Qualités rares dans le domaine médical!

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